Quand tu pars du bureau, que tu as 20, 30 ou 60 minutes de route à faire, que tu dois faire 1 ou 2 arrêts pour récupérer la marmaille, que tu dois arrêter à l’épicerie parce qu’il n’y a plus rien pour les lunchs de demain et que le meilleur moyen de ne pas paniquer en pensant à la gestion des devoirs/leçon ET du temps d’écran que tu devras faire pendant que tu prépareras un souper catastrophe, est de compter à rebours le nombre de minutes d’ici à ce que tu aies ENFIN ton verre de vin à la main, c’est pas ce que j’appelle la liberté.
Parce qu’en fait tu crois que ce verre de vin sera ton instant de liberté dans une journée où tu n’en vois pas d’autre. Tes journées sont une continuité d’activités pour lesquelles tu te sens plutôt contrainte que libre. Quel est le vrai pourcentage de minutes de la journée pendant lequel tu as réalisé des activités que tu as choisies en pleine conscience parce qu’elles te nourrissent et te font vibrer de joie?
Sincèrement, je te le souhaite le plus élevé possible mais si tu es dans la trentaine/quarantaine avec des enfants qui n’ont pas encore de permis de conduire et dont tu as probablement la garde partagée, donc un emploi à temps complet car tu es seule pour payer tes comptes, tu n’as pas à m’expliquer plus longtemps que le taux quotidien de minutes de liberté dans ta journée est sous le 10%.
Et ça c’est la définition de tâche de ton verre de vin… ou de deux !
Et c’est aussi pour ça qu’on ne peut pas envisager de ne plus le choisir le soir venu, parce qu’il est le symbole, l’effigie, la représentation de notre seule parcelle de liberté.
Toutefois, si tu ne peux plus te passer de l’objet de ta liberté, es-tu encore libre? Ce n’est pas un jugement, c’est simplement le résultat des observations de mon processus.
J’ai dit que le soir venu, on se récompense d’un ou deux verres de vin, mais nous savons toutes les deux que peu importe la quantité, cette quantité ne fait plus de sens pour une femme qui souhaite à chaque jour réaliser son plein potentiel. Le dilemme est là. Dans le dilemme on trouve de la souffrance et non de la liberté.
Et là, une fois par année, en janvier ou février, on essaie un « 28 jours » pour se donner bonne conscience, se prouver qu’on n’est pas accro, qu’on peut refaire ce choix de prendre un verre jour après jour, dans le détachement et la joie.
Car en fait, le reste de l’année, on s’en fait croire à coup de « la vie est trop courte » et de « je mérite bien ça » ou encore de « C’est tout ce qui me reste, c’est mon me time ».
Si tu te reconnais dans cette situation, c’est avec énormément d’empathie que je t’écris car je te décris une vie que j’ai vécue. Ce que je souhaite nommer aux femmes, c’est que tu mérites beaucoup mieux comme self care qu’un verre de vin. Le problème c’est quand l’alcool devient le seul self care de la journée. Le problème est d’être tellement esclave du temps des autres que le seul espace de liberté est comblé par la contribution euphorisante d’une boisson reconnue pour détruire le corps
Apprivoiser l’idée que nous ne sommes pas affranchies de notre verre de vin fait tellement peur que ça suffit à en prendre un autre. Alors, je te demande :
– Quelle personne serais-tu si tu ne ressentais jamais l’urgence d’un me time alcoolisé?
– Quelle personne serais-tu si à wine O’clock ni ton moral, ni ton humeur n’étaient menacés?
– Quelle personne serais-tu si devant la possibilité de ne pas prendre un verre de vin, tu ne ressentais ni angoisse, ni détresse, ni aucun sentiment que tu t’abandonnes et que te ne prends pas soins de toi?
J’ai voulu être toutes ces personnes mais lorsque j’ai fait le choix de la liberté et de l’abondance de self care, je suis seulement redevenue moi-même.
Noémis